23 mars 2015

Newsletter #21 Curanilahue à Valparaiso

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Le corps nous a dicté un 2e jour de repos à Curanilahue…Il faut ce qu’il faut! Décidément le Chili, c’est tout sauf facile! En rejoignant la côte, nous nous attendions à des routes moins exigeantes. Oui, il y a du bitume quasiment partout, mais les pentes elles, sont souvent longues et raides, à croire que les ingénieurs chiliens ne connaissent pas les virages en épingles: il faut monter, on monte tout droit. Les cyclistes n’ont qu’à s’endurcir le mollet!

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Nous quittons donc Curanilahue avec pour objectif de rejoindre Concepcion à environ une centaine de kilomètres. Cette grosse ville très éprouvée par le tremblement de terre de 2010 ne nous attire pas particulièrement mais nous devons y passer pour récupérer un paquet à la poste. Nous entrons dans la ville par un beau pont avec large trottoir cyclable et un réseau de pistes nous amènent sans encombre au bureau de poste du centre ville. On voit peu de traces des dommages provoqués par le tremblement de terre car tout a été reconstruit. Une fois le paquet récupéré, nous décidons de poursuivre la route. Mais la fatigue finit par avoir raison de nous et quand Charles aperçoit une affiche annonçant un ‘motel’, pourquoi ne pas aller voir ce qui en est. C’est la première fois que nous voyons ce type d’hébergement annoncé. Eh! bien! pour à peine quelques pesos de plus qu’un site de camping, nous avons droit à une unité avec garage. Pas mal du tout, et c’est bien insonorisé en plus! Une bonne nuit de récupération en perspective. 

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Ça ne sera pas de trop car la journée qui nous attend sera dure! Après une agréable pause diner à Tome au bord du Pacifique, nous rentrons dans les terres vers le nord-est et là, ça monte et ça monte, tout ça sous une chaleur incroyable. Quand même spécial de constater que certains matins, nous partons à 8 degrés pour nous retrouver vers midi à frôler les 40 degrés! Après 47 km, nous apercevons un camping qui annonce une piscine! Tiens, tiens, pourquoi pas? Comme les vacances sont finies pour les Chiliens, nous sommes les seuls à profiter de l’endroit. Quel bonheur! Avant de partir le lendemain, le proprio nous offre de belles pêches fraîchement cueillies.

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Une autre journée difficile nous attend car les montées et les descentes se succèdent et cette fois, pas de piscine en vue. Nous sommes toujours dans de denses forêts de pins et d’eucalyptus où l’agréable mélange des odeurs ne fait pas oublier la chaleur intense. À Quirihue, nous quêtons de l’eau à une dame qui arrose le parc. Elle nous dit qu’il y a un camping au bord de la mer, à Cobquecura à 32 km et que ‘ça descend tout le temps’. Elle a oublié de dire qu’avant de descendre, ça montait encore plus!!! En fait, depuis le temps, nous savons qu’il faut prendre avec un grain de sel les évaluations des Chiliens quant aux distances et aux gradients des pentes: à croire qu’ils ne parcourent pas les mêmes routes que nous.

En fin d’après-midi, complètement lessivés, nous lorgnons la forêt, à la recherche d’un coin adéquat pour un bivouac. Finalement, après avoir franchi une clôture plus ou moins solide, nous nous engouffrons sous le couvert d’une grande pinède à la recherche d’un petit coin discret pour poser nos pénates. Que c’est reposant de n’entendre que le bruissement des grands pins caressés par un vent léger…Mais soudain, vers 7 heures du matin, le sol se met à vibrer!!! C’est un tremblement de terre. Quelle sensation bizarre! Heureusement pour nous, ça n’a duré que quelques secondes.

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Reposés, nous poursuivons la route et après une dernière montée, très abrupte par bouts au point où nous nous résignons à pousser les vélos, enfin, la grande descente vient récompenser nos efforts et nous arrivons à Cobquecura, au bord du Pacifique. Nous nous attardons sur la plage pour admirer la Piedra de la Loberia, un bloc rocheux  qui s’avance dans la mer et où se prélassent des centaines de loups de mer. Le vent du large nous rafraichit agréablement et après un second arrêt touristique à la Iglesia de Piedra, autre monument naturel intéressant, nous attaquons la raide montée pour sortir du village. Encore une petite séance de poussée en vue! Puis lentement, nous franchissons les derniers kilomètres dans une belle campagne pour parvenir à Buchupureo, un tout petit village sur une belle plage de sable noir. Quand nous apercevons la longue montée à la sortie du village, c’est assez, nous sommes mûrs pour une autre journée de repos! Cette fois, nous trouvons une petite cabana sur pilotis, tout près de la plage, avec un balcon aux premières loges pour un coucher de soleil sur le Pacifique.

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Comme les journées restent un peu plus fraiches au bord de la mer, nous optons pour la route qui longe plus ou moins le littoral. Mais pas moyen d’échapper à la succession de montées et descentes caractérisant ce coin de pays. Le chemin descend vers chaque village pour ensuite mieux remonter dans les falaises. Pour couronner le tout, il nous faut même affronter un 15 km de ‘ripio’ poussiéreux avec des pentes crève-coeur! 

L’autre défi à relever, c’est trouver des endroits où coucher dans les zones un peu moins touristiques. Aucune option en vue, et les terrains sont extrêmement bien clôturés, avec barrières cadenassées à double tour. Fatigués, nous franchissons tout de même la barrière d’un ‘Fundo’ (entreprise) par un portillon où nous arrivons à faire passer les vélos. Cependant, au moment où nous commençons à dresser la tente dans un espace sous les arbres, arrive un homme à moto, suivi de plusieurs gros camions de bois. Nous sommes sur les terres d’une entreprise forestière et l’homme à la moto ne se laisse pas attendrir par notre demande d’hospitalité et nous devons repartir. Cinq kilomètres plus loin, au moment d’entrer dans un petit boisé, nous apercevons une dame dans la cour d’une ferme de l’autre côté de la route. Elle nous invite gentiment à venir la voir et quand nous lui expliquons notre problème, c’est avec le sourire qu’elle et sa fille nous invitent tout simplement à camper chez eux! C’est donc dans un champ où se promènent des vaches que nous dressons le camp et nous y passons une nuit des plus calme.

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Le lendemain, pleins d’énergie, nous grimpons encore une fois des pentes incroyables pour arriver à Constitution, une grosse ville où nous nous ravitaillons rapidement. Toutefois, comme c’est milieu d’après-midi quand nous terminons la longue montée à la sortie de la ville, la vue d’un camping annonçant une piscine nous stoppe instantanément. Ça y est la journée est finie! Comme nous sommes quasiment seuls sur place, le dodo ne sera troublé que par quelques concerts de chiens hurleurs, heureusement atténués par le port de bouchons dans les oreilles. Eh! oui! C’est devenu l’accessoire indispensable de nos nuits!

L’étape suivante se révèle un peu plus facile, enfin! Pas de gros dénivelé, le vent dans le dos, nous longeons le Rio Mataquito jusqu’à Licantén. Nous tentons d’y louer une cabana, seul hébergement possible semble-t-il, mais le proprio est en vacances! Il faut donc poursuivre jusqu’à Hualané où malgré nos demandes à différents endroits, impossible de camper nulle part et la seule pension est pleine (?!). Nous poursuivons donc la route et finalement à bout de ressources, nous arrêtons devant la dernière maison visible avant que la route remonte vers la forêt. Une dame et ses enfants nous accueillent à bras ouverts. Nous dressons donc la tente…derrière la porcherie! Ce soir-là, nous sommes invités à prendre le thé avec la famille et nous y goûtons la meilleure confiture de melon qui soit! Merci à Nixsa et sa famille! 

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Nous parvenons ensuite sans peine à Marchihué où nous logeons dans une pension avant de repartir vers le nord. L’objectif est de rejoindre Valparaiso d’ici quelques jours. On nous a parlé de feux de forêts aux environs de la ville et nous espérons bien que la situation sera sous contrôle à notre arrivée. La grimpette recommence de plus belle et après une étape dans un camping désert à Rapel sur le bord du rio du même nom, nous franchissons des montagnes pour mieux replonger en direction de San Antonio, une grosse ville portuaire sur le Pacifique. Charles trouve heureusement une route qui nous amène rapidement au bord de l’eau, dans la zone du port, ce qui nous évite un grand bout d’autoroute. 

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Nous restons ensuite en bordure du Pacifique sur la Ruta de Los Poetas, traversant une succession de stations balnéaires agréables. On peut comprendre que plusieurs artistes, dont le poète Pablo Neruda, aient été fascinés par ce coin de pays. La route serpente d’une colline à l’autre en passant par de magnifiques plages, parfois encadrées de rochers vertigineux.

Il nous faut ensuite traverser une grande zone de collines noircies par les récents feux avant d’arriver finalement sans encombre à Valparaiso, gigantesque ville accrochée à ses 45 ‘cerros’ (montagnes). Qui dit montagnes, dit côtes, et pas des moindres. Nous terminons donc la journée en beauté en poussant les vélos pour rejoindre le petit hôtel que nous avons réservé sur le Cerro Artilleria. 

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Nous voilà maintenant installés pour quelques jours dans cette ville colorée et grouillante qui mérite qu’on s’y attarde quelque peu. Son vieux quartier, classé au Patrimoine mondial de l’Unesco en 2003 mérite qu’on se perde dans son labyrinthe de ruelles, découvrant à chaque tournant des murales en tout genre. Ça donne du caractère à cette ville que le poète Pablo Neruda comparait à « une femme qui a oublié de se peigner et de bien s’habiller, toujours surprise par la vie »(traduction libre)…On y sent une vibration bien particulière, une vie foisonnante, et il n’est pas surprenant d’y apercevoir de jeunes artistes partout carnet de croquis et crayon à la main. Ici, l’expression artistique semble n’avoir aucune limite. Cependant, arpenter les ruelles pentues et les escaliers vertigineux qui partent à l’assaut des collines n’est pas de tout repos, mais des jambes de cycliste, ça en a vu d’autres! 

Quand nous remonterons sur les vélos dans quelques jours, nous franchirons la barre des 10 000 km.

À suivre…


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7 mars 2015

Newsletter # 20, Puerto Montt à Curanilahue

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Ah! que ça fait du bien! Une semaine à relaxer, sans pédaler. Poser les bagages au même endroit pour 7 jours, bien à l’abri, dans une chambre douillette…le bonheur!

Il fallait aussi célébrer quelques événements: anniversaire de mariage le 13 février, St-Valentin, l’anniversaire de naissance de Denise le 15, donc excellent prétexte pour se payer de bonnes bouffes au restaurant! Ajoutez à cela la fierté d’avoir complété une des étapes les plus difficiles du voyage et vous comprendrez que nous avons passé une très belle semaine à Puerto Montt.

Le 18 février, nous repartons donc à vélo, les jambes ragaillardies, le coeur léger, prêts pour de nouvelles aventures, dans la région des lacs et volcans. Un soleil radieux illumine le paysage jusqu’à Puerto Varas sur le Lago LLanquihue. Cependant, quand nous tournons vers l’est pour longer le lac, le ciel s’obscurçit, les nuages deviennent de plus en plus menaçants et nous avons même droit à quelques gouttes. Bonne raison de faire une pause pour savourer une ‘kuchen’, une délicieuse tarte aux fruits, spécialité du coin, où de nombreux colons allemands se sont établis, amenant avec eux une tradition culinaire des plus nourrissantes pour nos estomacs de cyclistes affamés.

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La grande vedette du paysage de cette région, c’est bien sûr le volcan Osorno, avec son cône presque parfait qui culmine à  2 652 mètres. Mais encore faut-il que les nuages nous le laissent voir! Nous devinons peu à peu son profil pour finalement le voir émerger complètement, sur fond de ciel bleu, à Ensenada où nous nous installons en fin de journée, dans un camping au bord du lac LLanquihue. Quel monstre! Ce volcan est un des plus actifs du sud des Andes. Espérons qu’il continuera à sommeiller le temps que nous serons ici…

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Le volcan lui, a très bien dormi, mais nous, pas beaucoup! Je vous explique. Ici, ce sont les grandes vacances estivales. Alors il y a foule dans la région des lacs, une des préférées des vacanciers pour cette période de l’année. Comme il est difficile de trouver des bivouacs dans ces zones plus habitées, nous devons fréquenter les campings officiels. Cela a des avantages comme des douches et toilettes, mais l’inconvénient majeur, c’est la promiscuité avec tout ce beau monde qui semble ne jamais dormir, comprendre, les vacanciers chiliens et argentins! Nous pensions avoir choisi le site le plus tranquille, en bordure de la plage, mais quelle erreur! D’abord, toute la soirée, nous avons eu droit à 2 sources de musique différentes. D’un côté, nous avions un fan de Brian Adams qui faisaient jouer ses plus grands succès en boucle, et en face, un amateur d’opéra! Puis, il y a eu ce maniaque de soccer qui a décidé de faire écouter à tue-tête à tout le camping, via la radio de son camion, le dernier match en cours vers 22 heures! Une cacophonie invraisemblable, dont personne ne semble se plaindre. Finalement, pour couronner le tout, à partir de minuit, des groupes de jeunes se sont installés sur la plage, certains à peine à 10 mètres de notre tente et TOUTE la nuit, nous les avons entendu rire et chahuter au son d’une musique à la basse lancinante! Même avec des bouchons dans les oreilles, pas moyen de dormir. Exaspérée, Denise s’est levé vers 1 heure pour demander au groupe le plus proche de s’éloigner, mais des dizaines d’autres jeunes étaient éparpillés un peu partout sur la plage, faisant la fête. Finalement, ce n’est que vers 7 heures que les choses se sont calmées. Pas besoin de vous dire que l’énergie n’était pas à son meilleur le lendemain.

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Nous parvenons tout de même à franchir 93 km, longeant le lac LLanquihue, avec de magnifiques points de vue sur l’Osorno, avant d’arriver au lac Puyehue au bord duquel nous trouvons un camping plus calme, heureusement. Ça nous rassure: il y a bien quelques Chiliens et Argentins qui aiment la tranquillité…

Nous nous dirigeons maintenant vers l’Argentine. Eh! oui! Il faut faire un petit aller-retour à travers les Andes histoire de renouveler notre permis de séjour au Chili. En effet, chaque fois que nous entrons de nouveau au Chili, on nous redonne un permis de 90 jours, ce qui ne sera pas de trop pour remonter jusqu’au nord du pays. Comme la frontière argentine n’est pas très loin d’ici, et que de plus, la route promet d’être spectaculaire, nous nous lançons dans l’aventure. Après tout, ce n’est qu’un col à 1320 mètres…

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La montée du côté chilien se révèle assez ardue toutefois, avec des gradients de pente crève-coeur. De plus, nous n’avions pas prévu que les postes douaniers seraient aussi achalandés en ce temps de vacances. Joli bordel! Avec le sens de l’organisation qu’on leur connait, Chiliens comme Argentins se bousculent pour traverser dans les 2 sens, et comme chacun des postes est éloigné l’un de l’autre, il faut refaire le processus 4 fois au total, pour l’aller-retour! Mais petite revanche de cyclistes sur les automobilistes: nous avons pu nous faufiler en tête de file, sans que personne ne nous interpelle, ce qui a réduit considérablement l’attente. On ne s’est même pas senti coupable après que la plupart des automobilistes pressés nous ait frôlé sur la route! Tiens, toi!

Cette route traverse le parc Puyehue, au pied du volcan du même nom. On peut y voir encore les traces des ravages causés pas sa dernière éruption en 2011. Arbres morts, cendres volcaniques un peu partout, le paysage a des allures de fin du monde par moments. Nous bivouaquons au bord d’un tout petit lac, avec vue sur le volcan. C’est d’un calme incroyable. Nous adorons!

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Après un petit séjour de 24 heures en terre argentine, plus précisément à Villa La Angostura, nous refaisons le col en sens inverse, avec des points de vue différents sur ce magnifique paysage de montagnes. Comme les pentes sont moins raides dans ce sens, nous sommes vite de retour au Chili. Arrivés à Entrelagos, nous arrêtons au bureau d’information touristique. La question est de savoir si la route qui mène à Lago Ranco le plus directement est en ‘ripio’ ou en asphalte. Aucune de nos cartes n’est claire à ce sujet. Les 2 personnes du bureau nous affirment qu’il n’y a que 7 km en gravier…’mas o menos’ (plus ou moins)…Eh! bien! laissez-moi vous dire que le plus ou moins a été d’environ 50 km!!! Nous qui en avions ras-le-bol du ‘ripio’, on a dû se résigner à se faire brasser la carcasse de nouveau et à avaler une autre bonne dose de poussière.

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Vers la fin de l’après-midi, ce jour-là, un automobiliste s’est arrêté tout à coup à notre hauteur et nous a demandé la permission de faire une photo de nous. La conversation s’est engagée et Felipe, un fermier du coin, nous a finalement invité à camper sur sa ferme, environ 1 km plus loin. Fatigués des horribles cahots de la route, nous avons accepté sans hésitation. Felipe, tout fier de nous accueillir, nous a fait visiter sa ferme, où il vit seul. Quelle passion pour sa terre nous avons senti chez cet ‘ermite’ comme il se définit lui-même. Ses yeux brillent de plaisir quand il nous montre son petit paradis, près d’un ruisseau encastré dans des falaises tapissées d’une végétation luxuriante. Il nous parle de la richesse que constitue cette source d’eau pure, à la base de la vie, dit-il. Nous passerons une partie de la soirée à converser avec lui, répondant à ses nombreuses questions sur la vie au Canada. 

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Le lendemain, nous terminons les 15 derniers kilomètres de l’horrible route de gravier et retrouvons le plaisir de pédaler sur l’asphalte jusqu’à Lago Ranco où nous arrêtons dans un camping…plein de Chiliens et d’Argentins en vacances! Encore une nuit quelque peu agitée, avant de reprendre une route supposément asphaltée…qui est en construction! Décidément, notre caractère est mis à rude épreuve. Nous roulons dans le sable, le gravier, des parties d’asphalte encore raboteuse, entre les machines et camions qui travaillent sur la route, pour arriver à une rivière où le pont n’est pas terminé! Pour traverser, il faut attendre le bac qui est immobilisé de l’autre côté. Nous faisons de grands signes aux opérateurs mais il faudra attendre 45 minutes…et l’arrivée d’une auto pour qu’enfin les 3 hommes se décident à venir nous chercher. Manoeuvré à la force des bras, avec toute la nonchalance possible, le bac met environ 15 minutes pour nous amener sur l’autre rive où nous devons pousser les vélos dans une longue pente abrupte en sable et gravier. Patience, patience!

La température s’est haussée de plusieurs degrés ces derniers jours, avec un taux d’humidité frôlant les 85%. Le paysage lacustre se noie dans un dense brouillard, et les champs prennent peu à peu les couleurs automnales, si bien que tout nous parait terne tout à coup. Le moral chancèle par moment…C’est peut-être la fatigue aussi, qui se fait sentir après plus de 8  jours d’affilée sur les vélos. À Futrono, au nord du Lago Ranco, nous posons donc nos pénates dans une cabana, histoire de récupérer, mais comme il n’y a pas d’air climatisé, nous souffrons de la chaleur humide. Comble de malchance, la porte-patio se brise et Charles travaille fort avec le proprio pour tenter de réparer le tout, sans succès. Puis le ventilateur déglingué décide de tomber en panne. Ce n’est pas tout: en soirée, c’est le tuyau de renvoi de l’évier de la salle de bain qui se défait, inondant le plancher! Nous éclatons de rire après ce dernier malheur! Quoi faire d’autre? Ce n’est pas la première fois que nous constatons le mauvais état d’une construction ici, comme partout en Amérique du Sud d’ailleurs, mais cette fois, ce sont bien des pépins en même temps. 
Avant qu’un autre morceau de la cabana nous reste entre les mains, nous décidons de repartir le lendemain, malgré un brouillard dense, si bien que pour la moitié de la journée, nous ne voyons rien du paysage autour de nous. En après-midi, nous tournons en direction du nord-est et le vent nous pousse agréablement, ce qui nous permet de franchir aisément 105 km pour arriver à Panguipulli, sur le bord du lac du même nom. Nous campons en ville, trop fatigués pour aller plus loin. Un jeune couple de cyclistes argentins passe la soirée avec nous. Lui, vient de finir sa médecine et elle, ses études en nutrition et dans quelques jours, ils entreprendront leur carrière respective. Nous en profitons pour pratiquer notre espagnol et mieux nous renseigner sur la vie en Argentine. Une soirée des plus intéressantes!

Couchés vers 23 heures, pendant que nos amis les Argentins terminent leur gros ‘steaks’ cuits sur le feu, nous sommes réveillés vers 1 heure par une sirène d’alarme qui retentit pendant un bon 2 minutes provoquant les hurlements de TOUS les chiens de la ville (il doit bien y en avoir quelques centaines!). Finalement, ce sont les dizaines de coqs aux alentours et les ibis, qui prennent le relais aux petites heures pour achever de nous gâcher la nuit. Bravement, nous nous levons quand même vers 7h30, et quand nous quittons à 9 heures, les Argentins n’ont pas bougé encore, ni les Chiliens, qui semblent ne jamais être incommodés par les bruits ambiants!

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Nous roulons dans une relative fraîcheur matinale, avec encore une brume qui efface l’horizon sur les lacs. À Lican Ray, au nord du lac Calafquen, nous prenons la route en direction de Villarica. Quelle circulation intense tout à coup! L’accotement laisse à désirer et ça monte sérieusement pour un bout, si bien que nous avons très hâte d’arriver à destination. Finalement, nous redescendons plus ou moins pour les 10 derniers kilomètres de la journée vers Villarica, une jolie ville au bord du lac du même nom. Le fameux volcan Villarica se cache dans les nuages, malheureusement. Un peu découragés par les conditions des derniers jours, nous optons pour une autre journée de congé dans une jolie ‘hosteria’ avec vue sur le lac et le volcan…s’il daigne sortir des nuages. Après tout, nous ne sommes pas pressés et Argentins comme Chiliens terminent leur vacances d’ici une semaine. On nous dit que le calme va revenir un peu partout…

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Notre dernière nuit à Villarica nous réserve toutefois une surprise de taille! Vers 3 heures du matin, nous entendons un raffut de tous les diables dans la rue sous la fenêtre de notre hôtel. Des autos arrivent, les portières claquent, les gens parlent fort, s’exclament! Mais que se passe-t-il donc? Nous regardons du balcon ce qui peut bien provoquer ce branle-bas de combat. Tout le monde regarde dans la même direction…le volcan!!! Dans la nuit noire, nous distinguons la griffe de feu que dessinent les coulées de lave en fusion s’écoulant du cône du fameux Villarica! Quel spectacle! Même si le volcan est à 27 km, nous apercevons clairement son sommet incandescent. Puis peu à peu, le calme revient dans la rue, et nous nous rendormons tranquillement, puisqu’aucune alerte n’est donnée. Le lendemain seulement, nous apprendrons que la petite ville de Pucon, à 15 km du volcan, a été évacuée par précaution. Nous quittons Villarica tranquillement en nous retournant fréquemment pour admirer le volcan rendormi, semble-t-il. Seule une légère fumée s’en échappe et on remarque les traces noires laissées par les coulées de lave refroidie.

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Nous pédalons maintenant vers le nord-ouest pour rejoindre la panaméricaine, une autoroute qui traverse le pays du nord au sud. Pourvue d’un large accotement, elle se révèle assez sécuritaire pour nous, mais on se lasse vite d’y pédaler car pas grand chose à voir et le bruit incessant de la circulation est infernal. Nous décidons donc de prendre une route secondaire après Temuco. Ça ondule d’une colline à l’autre à travers une succession de fermes puis des forêts de pins et d’eucalyptus. Les pentes parfois raides nous mettent les jambes à l’épreuve et malheureusement, là aussi, la circulation n’est pas de tout repos. En effet, nous sommes dans une zone d’exploitation forestière intense et un défilé incessant de camions nous dépassent ou nous croisent. Décidément, nous venons d’entrer dans la partie la plus habitée du Chili…pas facile de trouver des endroits tranquilles.

Nous espérons rejoindre la ville de Concepcion d’ici quelques jours. Bâtie sur le Pacifique, elle a été durement éprouvée par un gros tremblement de terre en 2010, suivi d’un tsunami. Nous espérons bien que la nature restera tranquille le temps que nous y séjournerons!


À suivre…

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