19 décembre 2014

Newsletter # 16 - Esquel à Puerto Natales (Chili)


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Faire 22 heures d’autobus, ça nous confirme que nous préférons de beaucoup voyager à vélo, mais quand il s’agit d’affronter 1,160 km de pampa balayée par les vents patagoniens, nous nous rendons à l’évidence, le bus est une excellente option. Laissez moi vous dire que nous savons maintenant de quoi nous parlons!

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Quand nous sommes arrivés à Esquel, nous pensions qu’un peu de repos serait suffisant avant de reprendre la route mais nos corps ne semblaient pas d’accord. Courbatures, douleurs dans les articulations, grande fatigue, tout indiquait qu’il valait mieux réévaluer la suite de notre itinéraire. En effet, nous espérions rejoindre Puerto Natales au Chili pour y célébrer Noël, mais il aurait fallu pédaler à un rythme d’enfer pour les prochaines semaines pour y arriver. De plus, tout le monde nous disait que la route à partir d’Esquel est plutôt monotone, pour ne pas dire inintéressante: grande étendue plate, peu de villages, et surtout, des vents d’intensité très élevée presque toujours de l’ouest ou du sud-ouest, donc en plein de face pour nous. 

C’est pourquoi nous avons choisi de faire le trajet en autobus d’Esquel à El Calafate, dans un premier temps. De là, nous repartirions à vélo pour Puerto Natales, quelques 285 km plus au sud. De la fenêtre de l’autobus, nous avons pu constater qu’il est parfaitement vrai de dire que cette région est monotone et nous sentions le véhicule vibrer à tout bout de champ sous la force du vent. Alors 22 heures dans un bus contre à peu près 15 jours à pédaler dans ce vent? Nous avions fait le bon choix!

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À El Calafate, nous nous sommes permis une petite vacance avant de reprendre le vélo. Bien installés dans une jolie cabana, nous avons fait du tourisme. D’abord, nous avons visité le Glaciarium, un musée qui explique en long et en large le processus menant à la création des glaciers avant d’aller passer une journée complète à en observer un, le Perito Moreno, au parc national de Los Glaciares. Des passerelles sur environ 4 km permettent d’admirer de près cette merveille de la nature. Toute la journée, nous entendons des craquements et des grondements en coup de tonnerre quand d’énormes blocs se détachent et tombent dans le lac où s’avance le fleuve de glace. Tout le monde guette, caméra au poing, histoire de capter ces moments impressionnants!

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Après 3 jours de congé, en pleine forme, nous repartons d’El Calafate, à vélo, d’abord en direction est.  C’est donc avec un bon vent de dos que nous filons pour un premier 32 km, puis nous tournons vers le sud-est et le vent de trois quarts arrière continue de nous aider à avancer, bien que parfois un peu déstabilisant à mesure qu’il prend de l’intensité en après-midi. Mais ça roule tellement bien que vers 14 heures, après 97 km, nous atteignons l’intersection avec la vieille route 40, à un point appelé El Cerrito. C’est ce tronçon non pavé que nous envisageons de prendre le lendemain.


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Nous savions, grâce à Paul et Jan, des cyclistes de Vancouver que nous avions suivi via leur blogue, qu’une petite maison y était disponible pour abriter les cyclistes, c’était donc rassurant de savoir que nous aurions un toit pour la nuit. Nous y sommes arrivés à peu près en même temps que 2 autres couples de cyclistes, d’abord Ricard et Alba, de Barcelone, puis Kathleen et Mark, des Belges. Pas de problème, il y a suffisamment d’espace pour tout le monde, même si le confort est très rudimentaire (pas d’eau, pas de toilettes, pas de chauffage). Mais juste à côté, il y a l’édifice des travaux publics. Mario, l’un des gardiens de l’endroit, nous explique que cette petite maison de chantier est à notre disposition et ils nous offrent généreusement de prendre une douche chaude dans l’édifice principal. Le vent siffle toute la nuit…nous sommes bien chanceux d’avoir un toit solide au-dessus de la tête!

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Le lendemain, nous repartons tous les six sur la vieille route 40, un tronçon encore en gravier, mais cela nous permet un raccourci de 90 km. Le début se passe plutôt bien, la surface étant acceptable et miracle, il n’y a pas de vent! Nous rencontrons un couple d’Irlandais à vélo aussi, qui nous dit que la route va se détériorer…et ils ont raison, ça devient de plus en plus cahoteux, les roues patinent et rebondissent sur de grosses roches. Nous devons travailler dur pour maintenir les guidons droits! Mais jusque là, ça va quand même pas si mal, car après tout, ce n’est pas la première route de gravier que nous affrontons. Mais à 11 heures exactement, ça y est, le vent se lève! Nous l’avons d’aplomb de trois quarts avant! Pas besoin de vous dire que le reste de la journée a été difficile. Chutes à répétition, dérapages, nous peinons à garder les vélos debout. Pour couronner le tout, une petite pluie cinglante tombait par moments! La galère totale!

Denise raconte: 
« À un certain moment en après-midi, je me suis sentie tout à coup complètement épuisée, je n’avais plus aucune énergie, j’avais même de la difficulté à respirer tellement l’effort était intense. Je n’arrivais plus à remonter sur le vélo, les rafales me faisaient carrément tourner dans l’autre sens! La panique commençait à m’envahir…nous étions au milieu de nulle part et il restait encore 4 kilomètres au moins avant d’arriver à un abri. Cela me paraissait tellement loin encore! Que ferions-nous si je n’arrivais plus à avancer? J’ai dû puiser dans mes dernières réserves pour continuer, un coup de pédales à la fois, relevant mon vélo après chaque chute, poussant de toutes mes forces pour le faire avancer. Charles est finalement venue à ma rescousse pour les derniers mètres et les autres cyclistes m’ont applaudi à mon entrée dans le refuge…Cela m’a fait chaud au coeur.»

Charles raconte:
« Nous sommes sur l'ancienne route 40 entre le point nommé El Cerrito et Tapi Aike. Ici le vent souffle à 70 km/h et je ne parle pas des rafales qui elles, peuvent atteindre jusqu’à 100 km/h. Ça te défrise un chauve en moins de deux! Nous avons de la difficulté à avancer en ligne droite et nous nous voyons parfois changer de cap à 180 degrés contre notre gré! La route de gros gravier est affreuse et Denise peine à tenir son vélo sur la route. Dans mon miroir, je viens de la voir tomber, encore une fois mais elle se relève, arrache son vélo du sol et marche a côté quelques pas avant de le chevaucher de nouveau pour tenter de le dompter et de vaincre ce satané vent patagonien . En effet, ici les « pattes agonisent »…Quand je la vois se mettre à marcher à côté de son vélo à deux kilomètres de l'arrivée, je sais que rien ne va plus. Elle est vidée... me dit de continuer...qu'elle va me rejoindre. Arrivé à notre refuge, j'y laisse mon vélo et repars en marchant à sa rencontre pour finir le trajet en poussant son vélo. Ouf! "We made it »

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Nous étions enfin arrivés à Tapi Aike! Pas grand-chose à cette intersection à part une petite station d’essence, un mini-dépanneur et un bâtiment servant au personnel d’entretien des routes. Mais nous avions comme information qu’il était possible de s’y abriter. En effet, on y offre l’hospitalité aux cyclistes assez fous pour affronter les vents patagoniens. Deux cyclistes argentins que nous avions précédemment rencontré sur la route 40 peu après Malargue sont déjà logés dans une des roulottes de chantier, alors Daniel, le préposé actuellement en poste, nous installe dans la grande salle chauffée de l’édifice principal, nous explique que nous pouvons utiliser cuisine et salle de bain. Ils nous apportent même de vieux matelas pour la nuit. Notre hôte est tellement volubile et parle tellement vite, que nous apprécions que nos amis de Barcelone parlent un excellent anglais et nous servent de traducteurs par moments. Nous sommes terriblement fatigués mais Daniel part la musique à fond vers 21h30, après le repas. Il est tellement content d’avoir du monde avec lui qu’il semble prêt à tenir toute la nuit! Heureusement, Alba parvient à lui faire comprendre avec diplomatie que des cyclistes fatigués, ça va au lit plus tôt que les Argentins. Ouf! 
Pendant la nuit, le vent qui s’était un peu calmé en soirée, reprend de plus belle. Tous levés vers 6 heures, nous nous sentons d’attaque, alors en route! Les Espagnols et les Belges nous devancent un peu, mais quand nous prenons la route à notre tour, quelques minutes plus tard, nous les voyons devant nous qui peinent à avancer. Nous nous lançons tout de même, pensant nous relayer, mais à peine 500 mètres plus loin, Charles tourne brusquement et c’est décidé, nous ne partons pas aujourd’hui. Il nous parait insensé de tenter de faire les prochains 60 km dans de telles conditions. Déjà, les muscles chauffent!

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Nous nous réinstallons donc chez Daniel qui nous dit simplement de faire comme chez nous. Nous remarquons aussi que les Argentins ne sont pas partis…Excellente décision! Au fur et à mesure que la journée avance, le vent prend de l’ampleur et nous voyons des nuages menaçants couvrir l’horizon dans la direction que nous devions prendre. Chapeau aux 4 autres cyclistes qui ont persévéré. Nous espérons qu’ils arriveront sain et sauf à un abri quelconque. Bien peinards dans notre grande salle chauffée, nous faisons plus ample connaissance avec les deux cyclistes argentins, Omar et Pablo. Ils ont respectivement 62 ans et 26 ans! L’an passé, ils ont pédalé la route 40 du nord de l’Argentine à Mendoza et cette année, ils font la partie sud. Le vent patagonien, ils connaissent! La stratégie, comme ils disent, c’est de partir quand le vent se calme…donc très tôt le matin, mais parfois, rien à faire, le vent gagne, alors vaut mieux attendre. Ce que nous ferons sagement, en profitant pour améliorer notre espagnol et en apprendre un peu plus sur les coutumes argentines en compagnie de nos nouveaux amis. Une bien belle journée! 

Avant d’aller au lit, Daniel nous apprend que le lendemain, un ami vient le chercher en camionnette pour aller vers Rio Turbio et il nous offre de nous prendre avec nos vélos si le vent reste toujours fort. Très tentant, n’est-ce pas? 

Au petit matin, Éole est fidèle au rendez-vous, mais il s’est calmé un peu. Cependant, le mercure a chuté drôlement car il a neigé pendant la nuit. Toutes les montagnes à l’horizon sont devenues blanches! Nos amis argentins se préparent bravement à prendre la route car pour eux, c’est un vent « pedaleable »…Nous, le vent, ça irait, mais avec ce froid, pas sûr! L’offre de Daniel tient toujours alors, hop! nous embarquons dans la camionnette pour les 75 km jusqu’à l’intersection de la route vers Rio Turbio, pas très loin de Puerto Natales, notre destination de fin d’année. Quand nous partons sur les vélos pour les 9 km qui restent jusqu’à Rio Turbio, nous sommes bien contents de notre décision: il fait un froid mordant amplifié par le fameux facteur de refroidissement éolien! Conclusion, comme on dit au Québec: il fait frette!!! Et dire qu’ici, l’été commence dans 2 jours! Ça promet.

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Nous sommes en avance sur notre plan alors pourquoi ne pas faire un arrêt dans cette petite ville, plutôt ordinaire, mais où nous trouvons une belle chambre chauffée, avec toutes les commodités, dans un petit hôtel. Sommes-nous devenus douillets? En fait, nous constatons tout simplement que nous sommes vraiment dûs pour des vacances, physiquement et mentalement, il nous faut récupérer complètement.
Demain, nous pédalerons les quelques 30 km qui restent jusqu’à Puerto Natales avec un sentiment d’accomplissement. Nous aurons atteint le point le plus au sud de notre trajet. Nous sommes fiers du chemin parcouru jusqu’à maintenant et heureux de pouvoir prendre enfin plus d’une semaine de repos pour la période de Noël. Nous avons réservé une petite cabana, histoire de nous faire un petit chez nous confortable pour un temps. Il sera bon de parler à la famille et aux amis via Skype ou FaceTime et de relaxer, tout simplement, tous les deux, ou avec d’autres cyclistes ou voyageurs au hasard des rencontres.

Dès le début de 2015, nous reprendrons la route vers le nord, à la découverte du Chili, cette fois, le 4e pays que nous visiterons en Amérique du Sud. Nous attaquerons la mythique Carretera Austral en janvier! Bien de nouvelles péripéties en perspective…

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À suivre…

Nous en profitons aussi pour souhaiter à tous ceux qui nous suivent au gré de nos aventures, de très Joyeuses Fêtes! Tous les petits mots d’encouragements que vous nous envoyez nous font chaud au coeur, alors n’hésitez pas à nous écrire, nous vous lisons toujours avec grand plaisir et nous tentons de répondre à tout le monde!

Denise et Charles




9 décembre 2014

Newsletter #15 San Martin de los Andes à Esquel

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Avouons-le, reprendre la route après 2 jours de repos n’est pas toujours facile, encore moins quand le temps est maussade. Que nous réserve cette fameuse Ruta de Siete Lagos dont on vante la beauté? Le mauvais temps viendra-t-il gâcher les prochains jours? Autant de questions qui nous trottent dans la tête quand nous entreprenons la longue montée à la sortie de San Martin de los Andes. Heureusement que la route se déroule en lacets aux pentes progressives qui ménagent nos jambes bien reposées. Le temps reste gris pratiquement toute la journée mais à notre arrivée au camping du lac Falkner, première étape prévue, le soleil illumine les montagnes qui surplombent le camping et nous passons une agréable soirée avec Alexandra, une jeune Allemande de 24 ans qui voyage seule à vélo. Courageuse jeune femme! Mais ne dites surtout pas à sa mère qu’elle est à vélo, elle croit qu’elle voyage en bus!

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Le lendemain, nous sommes réveillés vers 6hres…par des vaches qui broutent autour de la tente! Nous trouvons plutôt inusité le fait que les campings sont souvent occupés par des troupeaux de vaches, heureusement pas dangereuses du tout, mais il ne faut surtout pas marcher dans les grosses bouses qu’elles laissent un peu partout. 

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Le temps semble hésiter entre la pluie, la brume…ou le beau temps. La route continue à grimper peu à peu, et aujourd’hui, nous nous retrouvons de nouveau sur une route en gravier, en construction par bouts, mais relativement en bon état. Si ce n’était des longues montées nous pourrions dire que c’est quasi facile! Nous nous arrêtons au camping du lac Correntoso, entre des montagnes escarpées, dans une forêt dense, où broutent des moutons et des chevaux. Ce soir-là, il fait froid et une fine pluie intermittente vient nous compliquer la vie pour la préparation du souper. Nous parvenons toutefois à allumer un feu de camp, excellent antidote au coup de cafard dû au mauvais temps! Feu que nous parvenons à rallumer le lendemain pour sécher nos duvets et réchauffer les mains en attendant que la brume se dissipe et qu’enfin, le soleil daigne illuminer les paysages somptueux de la Ruta de Siete Lagos.

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Nous sommes vraiment chanceux car nous venons d’arriver dans la zone la plus spectaculaire de cette région. Les paysages sont de plus en plus grandioses et les fameuses « temaras » jaunes bordent les routes en haies touffues, contrastant joliment avec le vert foncé des forêts denses qui entourent les lacs et tapissent les montagnes. Et que dire des milliers de lupins qui dansent sous le vent, ajoutant des notes de mauve, violet, blanc et rose. Nous sommes éblouis! 

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Nous rencontrons aussi de plus en plus de cyclistes: un couple hollandais qui commence tout juste leur voyage et un couple de Canadiens rencontrés précédemment à la sortie de Uyuni en Bolivie! Il y a aussi ce couple de Barcelone qui file vers Ushuaia, et quelques autres, plus pressés probablement, qui nous saluent sans s’arrêter. La saison commence à peine, l’été se pointant le 21 décembre ici en Patagonie.

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Après un arrêt ravitaillement et lunch à Villa La Angostura, charmante petite ville où se termine la Ruta de Siete Lagos, nous campons à La Estacada, un des nombreux campings du parc national Nahuel Huapi. Nous sommes installés au bord du lac du même nom, au bord de la plage, juste à côté d’une rivière cascadante qui vient se jeter dans le lac. Plusieurs pêcheurs viennent y taquiner la truite en fin de journée, avec plus ou moins de succès. Nous sommes complètement époustouflés par la beauté du site et il est bien agréable de partager nos impressions avec Anne et Simon, un jeune couple français qui voyagent en « stop ».  

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La dernière partie de la route vers San Carlos de Bariloche se révèle moins spectaculaire car nous sortons de la forêt et des montagnes pour retrouver des paysages de pampas, encore quelque peu vallonnée toutefois, et le vent patagonien nous en fait arracher avant que nous parvenions à San Carlos de Bariloche où nous nous payons le luxe d’un hôtel 3 étoiles, rien de moins! Nous y récupérons les précieux paquets que nous attendions (pneus de rechange et fermetures éclair de tente). Le lendemain, nous déménageons toutefois nos pénates dans un logis plus modeste, un B&B un peu plus excentré mais moins cher. Après tout, il faut quand même étirer un peu le budget si l’on veut que ça dure, et on ne peut pas dire que San Carlos soit une ville économique. Mais nous nous permettons quelques gourmandises chocolatées dans cette capitale auto-proclamée du chocolat! (Mais non, Jérôme, toujours pas de pains au chocolat!)

Après les tâches usuelles des jours de congé, nous consacrons une journée au tourisme plus conventionnel: une excursion en bus « collectivo » au Cerro Campanario où nous prenons paresseusement le télésiège pour aller au sommet, admirer la vue spectaculaire de toute la région. Ça repose.

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Tant mieux, car le départ de San Carlos est raide, dans tous les sens du mot. Bâtie à flanc de montagnes, cette jolie ville étale ses rues sur des pentes très abruptes pour des cyclistes aussi chargés que nous, qui repartons avec les sacoches pleines de provisions pour les prochains jours en bivouacs probables. Ouille! ça chauffe!

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Par la suite, nous continuons la montée, plus progressivement heureusement, mais à la fin de la journée, nous aurons finalement grimpé plus de 1 000 mètres de dénivelé positif! Après quelques 70 km, nous apercevons une affiche annonçant un camping avec resto dans environ 10 km. Tout contents, nous nous arrêtons à l’entrée…pour nous faire dire que c’est fermé pour cette semaine pour une obscure raison de chevaux libres, et de clôture électrique dangereuse. La dame semble un peu gênée de nous renvoyer sur la route mais elle nous assure que nous trouverons un endroit de camping libre (gratuit) près d’une rivière…dans 8 km! C’est long, ça, quand on est fatigués et que la route continue à monter et redescendre et remonter. Mais nous n’avons pas le choix. C’est au bout de 87 km pour la journée que nous trouverons un petit coin au bord du rio Foyel, bordé de milliers de lupins qui dansent dans la lumière dorée du soir. Le son de la rivière camoufle bien le bruit de la route un peu plus haut gage d’une nuit reposante…

D’autres montées nous attendent le lendemain, toujours sur la route 40, en direction de El Bolson où nous stoppons pour le ravitaillement. Il semble que de nombreux hippies se sont établis ici au début des années 70, attirés par le climat agréable et les terres fertiles, mais il n’y a pas grand-chose qui en témoigne aujourd’hui. La ville est encaissée entre de hautes montagnes et traversée par la rivière Quemquemtreu (« Pierre qui roule » en langage mapuche). Comme il est trop tôt pour compléter la journée à vélo, nous décidons de continuer et de trouver un endroit où camper plus loin. 

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Ça se révèle plus difficile que nous pensions. À Epuyen, nous demandons la permission de camper derrière le bureau d’information dans les buissons de rosiers sauvages mais nous essuyons un refus plutôt froid du préposé. Comme il faudrait descendre sur 10 km de gravier (que nous devrions remonter le lendemain), nous renonçons à nous rendre au lac d’Epuyen et poursuivons sur la route 40. Nous aboutissons finalement au bord de la route, sur un ancien chemin poussiéreux, cachés par quelques arbres, près des fameuses clôtures d’estancias pratiquement infranchissables. Le vent, la poussière et le bruit de la route annoncent une nuit difficile mais les dieux doivent avoir pitié de nous, car tout se calme vers 22 heures et nous dormons comme des marmottes toute la nuit! Faut dire que pédaler plus de 85 km de routes de montagnes, ça fait l’effet d’un bon somnifère…

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Le lendemain, nous décidons de laisser la route 40 pour rejoindre le parc national los Alerces dont Alexandra, la jeune cycliste allemande rencontrée au lac Falkner nous a vanté la beauté. Elle nous a assuré que la route 71 en gravier qui le traverse n’est pas « si difficile »…Nous y voyons une belle alternative au segment de la route 40 jusqu’à Esquel où nous craignons la force des vents presque toujours du sud-ouest, donc quasiment de face ou de côté pour nous. 

Eh! bien! ça nous apprendra à suivre les conseils d’une jeune femme de 24 ans, quand on a plus que le double de cet âge! Nous avons travaillé dur! Oui, le parc est superbe, sauvage à souhait, loin de tout, mais la route est terrible, en grosses pierres, planche-à-laver, alternant montées abruptes et descentes raides sur des gradients de plus de 10% régulièrement. Les roues dérapent tellement c’est à pic! De plus, nous qui pensions échapper au vent dans les montagnes, c’est raté. Il nous a rattrapé joliment dans certaines portions de la route, nous rendant l’effort encore plus difficile si ça se peut!  

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Au milieu du parc, les campings sont plus ou moins ouverts en ce début de saison, avec services très rudimentaires. On y fait chauffer l’eau pour la douche au feu de bois, c’est vous dire! Et ce n’est pas prêt avant 21h30. Eh! non! nous n’avons pas été capable de résister au sommeil et les lingettes au bord du lac nous ont permis d’enlever le plus gros de la couche de poussière accumulée pendant la journée. De nouveau, ce sont des vaches qui nous réveillent le lendemain matin…

Après encore 46 km de route difficile, nous trouvons finalement un camping luxueux (bloc sanitaire propre avec douche « normale » à l’eau chaude à partir de 18 hres) peu avant la sortie du parc. Le site est magnifique, entouré de montagnes, bien abrité du vent. Pas de vaches cette fois, mais d’étranges oiseaux au long bec qui croassent gaiement tôt le matin. Ça change des coqs!

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Nous voilà maintenant à Esquel, où nous nous reposons 2 jours. Il nous faut planifier serré pour la suite car nous désirons être à Puerto Natales au Chili pour le temps des  Fêtes et comme c’est une période de haute saison là-bas, il a fallu réserver une "cabanas" à l’avance. Nous y resterons une semaine! Des vacances quoi!


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Cependant, il reste plus de 1 400 km à parcourir! C’est donc sûr que nous devrons prendre un autobus quelque part, il reste à déterminer à partir d’où…Combien de temps pourrons-nous supporter les vents patagoniens? Seront-ils favorables ou non? «El viento que vuelve la gente loco » (le vent qui rend les gens fous), voilà ce que disent les gens d’ici! 

À suivre…

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