19 décembre 2014

Newsletter # 16 - Esquel à Puerto Natales (Chili)


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Faire 22 heures d’autobus, ça nous confirme que nous préférons de beaucoup voyager à vélo, mais quand il s’agit d’affronter 1,160 km de pampa balayée par les vents patagoniens, nous nous rendons à l’évidence, le bus est une excellente option. Laissez moi vous dire que nous savons maintenant de quoi nous parlons!

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Quand nous sommes arrivés à Esquel, nous pensions qu’un peu de repos serait suffisant avant de reprendre la route mais nos corps ne semblaient pas d’accord. Courbatures, douleurs dans les articulations, grande fatigue, tout indiquait qu’il valait mieux réévaluer la suite de notre itinéraire. En effet, nous espérions rejoindre Puerto Natales au Chili pour y célébrer Noël, mais il aurait fallu pédaler à un rythme d’enfer pour les prochaines semaines pour y arriver. De plus, tout le monde nous disait que la route à partir d’Esquel est plutôt monotone, pour ne pas dire inintéressante: grande étendue plate, peu de villages, et surtout, des vents d’intensité très élevée presque toujours de l’ouest ou du sud-ouest, donc en plein de face pour nous. 

C’est pourquoi nous avons choisi de faire le trajet en autobus d’Esquel à El Calafate, dans un premier temps. De là, nous repartirions à vélo pour Puerto Natales, quelques 285 km plus au sud. De la fenêtre de l’autobus, nous avons pu constater qu’il est parfaitement vrai de dire que cette région est monotone et nous sentions le véhicule vibrer à tout bout de champ sous la force du vent. Alors 22 heures dans un bus contre à peu près 15 jours à pédaler dans ce vent? Nous avions fait le bon choix!

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À El Calafate, nous nous sommes permis une petite vacance avant de reprendre le vélo. Bien installés dans une jolie cabana, nous avons fait du tourisme. D’abord, nous avons visité le Glaciarium, un musée qui explique en long et en large le processus menant à la création des glaciers avant d’aller passer une journée complète à en observer un, le Perito Moreno, au parc national de Los Glaciares. Des passerelles sur environ 4 km permettent d’admirer de près cette merveille de la nature. Toute la journée, nous entendons des craquements et des grondements en coup de tonnerre quand d’énormes blocs se détachent et tombent dans le lac où s’avance le fleuve de glace. Tout le monde guette, caméra au poing, histoire de capter ces moments impressionnants!

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Après 3 jours de congé, en pleine forme, nous repartons d’El Calafate, à vélo, d’abord en direction est.  C’est donc avec un bon vent de dos que nous filons pour un premier 32 km, puis nous tournons vers le sud-est et le vent de trois quarts arrière continue de nous aider à avancer, bien que parfois un peu déstabilisant à mesure qu’il prend de l’intensité en après-midi. Mais ça roule tellement bien que vers 14 heures, après 97 km, nous atteignons l’intersection avec la vieille route 40, à un point appelé El Cerrito. C’est ce tronçon non pavé que nous envisageons de prendre le lendemain.


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Nous savions, grâce à Paul et Jan, des cyclistes de Vancouver que nous avions suivi via leur blogue, qu’une petite maison y était disponible pour abriter les cyclistes, c’était donc rassurant de savoir que nous aurions un toit pour la nuit. Nous y sommes arrivés à peu près en même temps que 2 autres couples de cyclistes, d’abord Ricard et Alba, de Barcelone, puis Kathleen et Mark, des Belges. Pas de problème, il y a suffisamment d’espace pour tout le monde, même si le confort est très rudimentaire (pas d’eau, pas de toilettes, pas de chauffage). Mais juste à côté, il y a l’édifice des travaux publics. Mario, l’un des gardiens de l’endroit, nous explique que cette petite maison de chantier est à notre disposition et ils nous offrent généreusement de prendre une douche chaude dans l’édifice principal. Le vent siffle toute la nuit…nous sommes bien chanceux d’avoir un toit solide au-dessus de la tête!

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Le lendemain, nous repartons tous les six sur la vieille route 40, un tronçon encore en gravier, mais cela nous permet un raccourci de 90 km. Le début se passe plutôt bien, la surface étant acceptable et miracle, il n’y a pas de vent! Nous rencontrons un couple d’Irlandais à vélo aussi, qui nous dit que la route va se détériorer…et ils ont raison, ça devient de plus en plus cahoteux, les roues patinent et rebondissent sur de grosses roches. Nous devons travailler dur pour maintenir les guidons droits! Mais jusque là, ça va quand même pas si mal, car après tout, ce n’est pas la première route de gravier que nous affrontons. Mais à 11 heures exactement, ça y est, le vent se lève! Nous l’avons d’aplomb de trois quarts avant! Pas besoin de vous dire que le reste de la journée a été difficile. Chutes à répétition, dérapages, nous peinons à garder les vélos debout. Pour couronner le tout, une petite pluie cinglante tombait par moments! La galère totale!

Denise raconte: 
« À un certain moment en après-midi, je me suis sentie tout à coup complètement épuisée, je n’avais plus aucune énergie, j’avais même de la difficulté à respirer tellement l’effort était intense. Je n’arrivais plus à remonter sur le vélo, les rafales me faisaient carrément tourner dans l’autre sens! La panique commençait à m’envahir…nous étions au milieu de nulle part et il restait encore 4 kilomètres au moins avant d’arriver à un abri. Cela me paraissait tellement loin encore! Que ferions-nous si je n’arrivais plus à avancer? J’ai dû puiser dans mes dernières réserves pour continuer, un coup de pédales à la fois, relevant mon vélo après chaque chute, poussant de toutes mes forces pour le faire avancer. Charles est finalement venue à ma rescousse pour les derniers mètres et les autres cyclistes m’ont applaudi à mon entrée dans le refuge…Cela m’a fait chaud au coeur.»

Charles raconte:
« Nous sommes sur l'ancienne route 40 entre le point nommé El Cerrito et Tapi Aike. Ici le vent souffle à 70 km/h et je ne parle pas des rafales qui elles, peuvent atteindre jusqu’à 100 km/h. Ça te défrise un chauve en moins de deux! Nous avons de la difficulté à avancer en ligne droite et nous nous voyons parfois changer de cap à 180 degrés contre notre gré! La route de gros gravier est affreuse et Denise peine à tenir son vélo sur la route. Dans mon miroir, je viens de la voir tomber, encore une fois mais elle se relève, arrache son vélo du sol et marche a côté quelques pas avant de le chevaucher de nouveau pour tenter de le dompter et de vaincre ce satané vent patagonien . En effet, ici les « pattes agonisent »…Quand je la vois se mettre à marcher à côté de son vélo à deux kilomètres de l'arrivée, je sais que rien ne va plus. Elle est vidée... me dit de continuer...qu'elle va me rejoindre. Arrivé à notre refuge, j'y laisse mon vélo et repars en marchant à sa rencontre pour finir le trajet en poussant son vélo. Ouf! "We made it »

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Nous étions enfin arrivés à Tapi Aike! Pas grand-chose à cette intersection à part une petite station d’essence, un mini-dépanneur et un bâtiment servant au personnel d’entretien des routes. Mais nous avions comme information qu’il était possible de s’y abriter. En effet, on y offre l’hospitalité aux cyclistes assez fous pour affronter les vents patagoniens. Deux cyclistes argentins que nous avions précédemment rencontré sur la route 40 peu après Malargue sont déjà logés dans une des roulottes de chantier, alors Daniel, le préposé actuellement en poste, nous installe dans la grande salle chauffée de l’édifice principal, nous explique que nous pouvons utiliser cuisine et salle de bain. Ils nous apportent même de vieux matelas pour la nuit. Notre hôte est tellement volubile et parle tellement vite, que nous apprécions que nos amis de Barcelone parlent un excellent anglais et nous servent de traducteurs par moments. Nous sommes terriblement fatigués mais Daniel part la musique à fond vers 21h30, après le repas. Il est tellement content d’avoir du monde avec lui qu’il semble prêt à tenir toute la nuit! Heureusement, Alba parvient à lui faire comprendre avec diplomatie que des cyclistes fatigués, ça va au lit plus tôt que les Argentins. Ouf! 
Pendant la nuit, le vent qui s’était un peu calmé en soirée, reprend de plus belle. Tous levés vers 6 heures, nous nous sentons d’attaque, alors en route! Les Espagnols et les Belges nous devancent un peu, mais quand nous prenons la route à notre tour, quelques minutes plus tard, nous les voyons devant nous qui peinent à avancer. Nous nous lançons tout de même, pensant nous relayer, mais à peine 500 mètres plus loin, Charles tourne brusquement et c’est décidé, nous ne partons pas aujourd’hui. Il nous parait insensé de tenter de faire les prochains 60 km dans de telles conditions. Déjà, les muscles chauffent!

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Nous nous réinstallons donc chez Daniel qui nous dit simplement de faire comme chez nous. Nous remarquons aussi que les Argentins ne sont pas partis…Excellente décision! Au fur et à mesure que la journée avance, le vent prend de l’ampleur et nous voyons des nuages menaçants couvrir l’horizon dans la direction que nous devions prendre. Chapeau aux 4 autres cyclistes qui ont persévéré. Nous espérons qu’ils arriveront sain et sauf à un abri quelconque. Bien peinards dans notre grande salle chauffée, nous faisons plus ample connaissance avec les deux cyclistes argentins, Omar et Pablo. Ils ont respectivement 62 ans et 26 ans! L’an passé, ils ont pédalé la route 40 du nord de l’Argentine à Mendoza et cette année, ils font la partie sud. Le vent patagonien, ils connaissent! La stratégie, comme ils disent, c’est de partir quand le vent se calme…donc très tôt le matin, mais parfois, rien à faire, le vent gagne, alors vaut mieux attendre. Ce que nous ferons sagement, en profitant pour améliorer notre espagnol et en apprendre un peu plus sur les coutumes argentines en compagnie de nos nouveaux amis. Une bien belle journée! 

Avant d’aller au lit, Daniel nous apprend que le lendemain, un ami vient le chercher en camionnette pour aller vers Rio Turbio et il nous offre de nous prendre avec nos vélos si le vent reste toujours fort. Très tentant, n’est-ce pas? 

Au petit matin, Éole est fidèle au rendez-vous, mais il s’est calmé un peu. Cependant, le mercure a chuté drôlement car il a neigé pendant la nuit. Toutes les montagnes à l’horizon sont devenues blanches! Nos amis argentins se préparent bravement à prendre la route car pour eux, c’est un vent « pedaleable »…Nous, le vent, ça irait, mais avec ce froid, pas sûr! L’offre de Daniel tient toujours alors, hop! nous embarquons dans la camionnette pour les 75 km jusqu’à l’intersection de la route vers Rio Turbio, pas très loin de Puerto Natales, notre destination de fin d’année. Quand nous partons sur les vélos pour les 9 km qui restent jusqu’à Rio Turbio, nous sommes bien contents de notre décision: il fait un froid mordant amplifié par le fameux facteur de refroidissement éolien! Conclusion, comme on dit au Québec: il fait frette!!! Et dire qu’ici, l’été commence dans 2 jours! Ça promet.

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Nous sommes en avance sur notre plan alors pourquoi ne pas faire un arrêt dans cette petite ville, plutôt ordinaire, mais où nous trouvons une belle chambre chauffée, avec toutes les commodités, dans un petit hôtel. Sommes-nous devenus douillets? En fait, nous constatons tout simplement que nous sommes vraiment dûs pour des vacances, physiquement et mentalement, il nous faut récupérer complètement.
Demain, nous pédalerons les quelques 30 km qui restent jusqu’à Puerto Natales avec un sentiment d’accomplissement. Nous aurons atteint le point le plus au sud de notre trajet. Nous sommes fiers du chemin parcouru jusqu’à maintenant et heureux de pouvoir prendre enfin plus d’une semaine de repos pour la période de Noël. Nous avons réservé une petite cabana, histoire de nous faire un petit chez nous confortable pour un temps. Il sera bon de parler à la famille et aux amis via Skype ou FaceTime et de relaxer, tout simplement, tous les deux, ou avec d’autres cyclistes ou voyageurs au hasard des rencontres.

Dès le début de 2015, nous reprendrons la route vers le nord, à la découverte du Chili, cette fois, le 4e pays que nous visiterons en Amérique du Sud. Nous attaquerons la mythique Carretera Austral en janvier! Bien de nouvelles péripéties en perspective…

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À suivre…

Nous en profitons aussi pour souhaiter à tous ceux qui nous suivent au gré de nos aventures, de très Joyeuses Fêtes! Tous les petits mots d’encouragements que vous nous envoyez nous font chaud au coeur, alors n’hésitez pas à nous écrire, nous vous lisons toujours avec grand plaisir et nous tentons de répondre à tout le monde!

Denise et Charles




9 décembre 2014

Newsletter #15 San Martin de los Andes à Esquel

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Avouons-le, reprendre la route après 2 jours de repos n’est pas toujours facile, encore moins quand le temps est maussade. Que nous réserve cette fameuse Ruta de Siete Lagos dont on vante la beauté? Le mauvais temps viendra-t-il gâcher les prochains jours? Autant de questions qui nous trottent dans la tête quand nous entreprenons la longue montée à la sortie de San Martin de los Andes. Heureusement que la route se déroule en lacets aux pentes progressives qui ménagent nos jambes bien reposées. Le temps reste gris pratiquement toute la journée mais à notre arrivée au camping du lac Falkner, première étape prévue, le soleil illumine les montagnes qui surplombent le camping et nous passons une agréable soirée avec Alexandra, une jeune Allemande de 24 ans qui voyage seule à vélo. Courageuse jeune femme! Mais ne dites surtout pas à sa mère qu’elle est à vélo, elle croit qu’elle voyage en bus!

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Le lendemain, nous sommes réveillés vers 6hres…par des vaches qui broutent autour de la tente! Nous trouvons plutôt inusité le fait que les campings sont souvent occupés par des troupeaux de vaches, heureusement pas dangereuses du tout, mais il ne faut surtout pas marcher dans les grosses bouses qu’elles laissent un peu partout. 

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Le temps semble hésiter entre la pluie, la brume…ou le beau temps. La route continue à grimper peu à peu, et aujourd’hui, nous nous retrouvons de nouveau sur une route en gravier, en construction par bouts, mais relativement en bon état. Si ce n’était des longues montées nous pourrions dire que c’est quasi facile! Nous nous arrêtons au camping du lac Correntoso, entre des montagnes escarpées, dans une forêt dense, où broutent des moutons et des chevaux. Ce soir-là, il fait froid et une fine pluie intermittente vient nous compliquer la vie pour la préparation du souper. Nous parvenons toutefois à allumer un feu de camp, excellent antidote au coup de cafard dû au mauvais temps! Feu que nous parvenons à rallumer le lendemain pour sécher nos duvets et réchauffer les mains en attendant que la brume se dissipe et qu’enfin, le soleil daigne illuminer les paysages somptueux de la Ruta de Siete Lagos.

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Nous sommes vraiment chanceux car nous venons d’arriver dans la zone la plus spectaculaire de cette région. Les paysages sont de plus en plus grandioses et les fameuses « temaras » jaunes bordent les routes en haies touffues, contrastant joliment avec le vert foncé des forêts denses qui entourent les lacs et tapissent les montagnes. Et que dire des milliers de lupins qui dansent sous le vent, ajoutant des notes de mauve, violet, blanc et rose. Nous sommes éblouis! 

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Nous rencontrons aussi de plus en plus de cyclistes: un couple hollandais qui commence tout juste leur voyage et un couple de Canadiens rencontrés précédemment à la sortie de Uyuni en Bolivie! Il y a aussi ce couple de Barcelone qui file vers Ushuaia, et quelques autres, plus pressés probablement, qui nous saluent sans s’arrêter. La saison commence à peine, l’été se pointant le 21 décembre ici en Patagonie.

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Après un arrêt ravitaillement et lunch à Villa La Angostura, charmante petite ville où se termine la Ruta de Siete Lagos, nous campons à La Estacada, un des nombreux campings du parc national Nahuel Huapi. Nous sommes installés au bord du lac du même nom, au bord de la plage, juste à côté d’une rivière cascadante qui vient se jeter dans le lac. Plusieurs pêcheurs viennent y taquiner la truite en fin de journée, avec plus ou moins de succès. Nous sommes complètement époustouflés par la beauté du site et il est bien agréable de partager nos impressions avec Anne et Simon, un jeune couple français qui voyagent en « stop ».  

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La dernière partie de la route vers San Carlos de Bariloche se révèle moins spectaculaire car nous sortons de la forêt et des montagnes pour retrouver des paysages de pampas, encore quelque peu vallonnée toutefois, et le vent patagonien nous en fait arracher avant que nous parvenions à San Carlos de Bariloche où nous nous payons le luxe d’un hôtel 3 étoiles, rien de moins! Nous y récupérons les précieux paquets que nous attendions (pneus de rechange et fermetures éclair de tente). Le lendemain, nous déménageons toutefois nos pénates dans un logis plus modeste, un B&B un peu plus excentré mais moins cher. Après tout, il faut quand même étirer un peu le budget si l’on veut que ça dure, et on ne peut pas dire que San Carlos soit une ville économique. Mais nous nous permettons quelques gourmandises chocolatées dans cette capitale auto-proclamée du chocolat! (Mais non, Jérôme, toujours pas de pains au chocolat!)

Après les tâches usuelles des jours de congé, nous consacrons une journée au tourisme plus conventionnel: une excursion en bus « collectivo » au Cerro Campanario où nous prenons paresseusement le télésiège pour aller au sommet, admirer la vue spectaculaire de toute la région. Ça repose.

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Tant mieux, car le départ de San Carlos est raide, dans tous les sens du mot. Bâtie à flanc de montagnes, cette jolie ville étale ses rues sur des pentes très abruptes pour des cyclistes aussi chargés que nous, qui repartons avec les sacoches pleines de provisions pour les prochains jours en bivouacs probables. Ouille! ça chauffe!

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Par la suite, nous continuons la montée, plus progressivement heureusement, mais à la fin de la journée, nous aurons finalement grimpé plus de 1 000 mètres de dénivelé positif! Après quelques 70 km, nous apercevons une affiche annonçant un camping avec resto dans environ 10 km. Tout contents, nous nous arrêtons à l’entrée…pour nous faire dire que c’est fermé pour cette semaine pour une obscure raison de chevaux libres, et de clôture électrique dangereuse. La dame semble un peu gênée de nous renvoyer sur la route mais elle nous assure que nous trouverons un endroit de camping libre (gratuit) près d’une rivière…dans 8 km! C’est long, ça, quand on est fatigués et que la route continue à monter et redescendre et remonter. Mais nous n’avons pas le choix. C’est au bout de 87 km pour la journée que nous trouverons un petit coin au bord du rio Foyel, bordé de milliers de lupins qui dansent dans la lumière dorée du soir. Le son de la rivière camoufle bien le bruit de la route un peu plus haut gage d’une nuit reposante…

D’autres montées nous attendent le lendemain, toujours sur la route 40, en direction de El Bolson où nous stoppons pour le ravitaillement. Il semble que de nombreux hippies se sont établis ici au début des années 70, attirés par le climat agréable et les terres fertiles, mais il n’y a pas grand-chose qui en témoigne aujourd’hui. La ville est encaissée entre de hautes montagnes et traversée par la rivière Quemquemtreu (« Pierre qui roule » en langage mapuche). Comme il est trop tôt pour compléter la journée à vélo, nous décidons de continuer et de trouver un endroit où camper plus loin. 

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Ça se révèle plus difficile que nous pensions. À Epuyen, nous demandons la permission de camper derrière le bureau d’information dans les buissons de rosiers sauvages mais nous essuyons un refus plutôt froid du préposé. Comme il faudrait descendre sur 10 km de gravier (que nous devrions remonter le lendemain), nous renonçons à nous rendre au lac d’Epuyen et poursuivons sur la route 40. Nous aboutissons finalement au bord de la route, sur un ancien chemin poussiéreux, cachés par quelques arbres, près des fameuses clôtures d’estancias pratiquement infranchissables. Le vent, la poussière et le bruit de la route annoncent une nuit difficile mais les dieux doivent avoir pitié de nous, car tout se calme vers 22 heures et nous dormons comme des marmottes toute la nuit! Faut dire que pédaler plus de 85 km de routes de montagnes, ça fait l’effet d’un bon somnifère…

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Le lendemain, nous décidons de laisser la route 40 pour rejoindre le parc national los Alerces dont Alexandra, la jeune cycliste allemande rencontrée au lac Falkner nous a vanté la beauté. Elle nous a assuré que la route 71 en gravier qui le traverse n’est pas « si difficile »…Nous y voyons une belle alternative au segment de la route 40 jusqu’à Esquel où nous craignons la force des vents presque toujours du sud-ouest, donc quasiment de face ou de côté pour nous. 

Eh! bien! ça nous apprendra à suivre les conseils d’une jeune femme de 24 ans, quand on a plus que le double de cet âge! Nous avons travaillé dur! Oui, le parc est superbe, sauvage à souhait, loin de tout, mais la route est terrible, en grosses pierres, planche-à-laver, alternant montées abruptes et descentes raides sur des gradients de plus de 10% régulièrement. Les roues dérapent tellement c’est à pic! De plus, nous qui pensions échapper au vent dans les montagnes, c’est raté. Il nous a rattrapé joliment dans certaines portions de la route, nous rendant l’effort encore plus difficile si ça se peut!  

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Au milieu du parc, les campings sont plus ou moins ouverts en ce début de saison, avec services très rudimentaires. On y fait chauffer l’eau pour la douche au feu de bois, c’est vous dire! Et ce n’est pas prêt avant 21h30. Eh! non! nous n’avons pas été capable de résister au sommeil et les lingettes au bord du lac nous ont permis d’enlever le plus gros de la couche de poussière accumulée pendant la journée. De nouveau, ce sont des vaches qui nous réveillent le lendemain matin…

Après encore 46 km de route difficile, nous trouvons finalement un camping luxueux (bloc sanitaire propre avec douche « normale » à l’eau chaude à partir de 18 hres) peu avant la sortie du parc. Le site est magnifique, entouré de montagnes, bien abrité du vent. Pas de vaches cette fois, mais d’étranges oiseaux au long bec qui croassent gaiement tôt le matin. Ça change des coqs!

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Nous voilà maintenant à Esquel, où nous nous reposons 2 jours. Il nous faut planifier serré pour la suite car nous désirons être à Puerto Natales au Chili pour le temps des  Fêtes et comme c’est une période de haute saison là-bas, il a fallu réserver une "cabanas" à l’avance. Nous y resterons une semaine! Des vacances quoi!


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Cependant, il reste plus de 1 400 km à parcourir! C’est donc sûr que nous devrons prendre un autobus quelque part, il reste à déterminer à partir d’où…Combien de temps pourrons-nous supporter les vents patagoniens? Seront-ils favorables ou non? «El viento que vuelve la gente loco » (le vent qui rend les gens fous), voilà ce que disent les gens d’ici! 

À suivre…

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26 novembre 2014

Newsletter # 14 - Malargüe à San Martin De Los Andes

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Quand on planifie un voyage de cette ampleur, on se prépare des mois à l’avance en lisant plusieurs blogues et récits de voyages qui nous servent d’inspiration. Évidemment, chacun raconte à sa façon les mille et une péripéties d’une telle aventure donnant ses impressions de telle ville, telle route, ou son avis sur les gens du pays, les coutumes, etc. Un tas de facteurs peuvent influencer la perception que l’on a des choses: nos goûts personnels, notre humeur du moment, la saison où l’on voyage, le temps qu’il fait, les rencontres agréables ou pas. Tout ça pour dire qu’il ne faut pas se fier aveuglément aux récits des autres pour choisir une route ou une destination plutôt qu’une autre, et surtout, ne pas juger sur les impressions de seulement quelques personnes! En effet, si nous avions écouté les avis de certains, nous aurions carrément évité la Ruta 40 après Cafayate. Pourtant, maintenant que nous avons parcourus plus de 2 000 kilomètres sur cette route, nous pouvons vous donner NOS impressions: fantastique, tout simplement! 

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Le segment à partir de Malargüe jusqu’à Chos Malal ne fait que confirmer notre plaisir. En effet, nous y avons traversé la Payunie, une région où se dressent plus de 800 cônes volcaniques, ce qui en fait la plus grande concentration de volcans au monde, rien de moins! (Pour plus de détails scientifiques, voir http://www.volcansdumonde.com/article-payunia-71814898.html)
De Malargüe, la route monte progressivement, parfois en lacets, avec vue à couper le souffle, puis ça ondule entre les volcans, les champs de lave et les plaines parsemées de débris volcaniques. Fascinant! 

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De plus, le bitume en parfait état nous ravit. Quel plaisir de rouler en douceur! Mais à l’arrivée à Bardas Blancas après une journée parfaite, voilà que nous apprenons qu’il y a un segment de la route en gravier sur à peu près 30 km, nous dit-on, donc on peut s’attendre à des conditions difficiles…On verra bien. Nous dormons dans un camping rudimentaire, où on nous suggère d’installer la tente sous un toit, car des nuages noirs s’accumulent et le vent s’est levé. Mais juste à côté, il y a les énormes barbecues qu’utilisent les Argentins pour cuire leur viande…et vers 20h30, un groupe d’hommes décident de préparer leur « cena » du soir, des grillades de chèvre! Nous étions sur le point d’aller au dodo! Charles leur explique notre situation et bien gentiment, ils font attention de ne pas faire trop de bruit. Ils quittent vers 22 hres…puis ce sont les coqs à quelques mètres de nous qui troublent notre nuit à partir de 4 hres! Mais un des signes démontrant que nous nous adaptons à l’Amérique du Sud, c’est que nous arrivons à nous rendormir après chaque chant de coq! 

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Le lendemain, nous atteignons finalement le segment non asphalté et en effet, ce ne sera pas facile: gros gravier, roches, sable et poussière sont au menu! Nous devons inspirer la pitié car un camionneur s’arrête et nous offre 2 grosses bouteilles de jus froid. Il voudrait bien nous embarquer dit-il, mais il n’a plus de place dans son énorme camion. Nous parvenons finalement à franchir les premiers 18 km en nous faisant brasser la carcasse pas à peu près, puis au moment où nous décidons de chercher un bivouac, une camionnette stoppe et le chauffeur, un des travailleurs de la route, nous dit d’être prudents car un convoi de camions à chargement large va passer d’ici une heure. Il nous apprend aussi qu’en fait, il nous reste non pas 12 km mais 22 km de gravier devant nous, puis il repart. Notre air dépité a dû lui inspirer la pitié car après une centaine de mètres, le voilà qui recule et nous offre de nous embarquer pour nous amener au début de l’asphalte! Notre réponse a été un « Si! Si! » parfaitement synchronisé! En deux temps trois mouvements, nous sommes à bord. Cependant Patricio, notre bon Samaritain, roule à un train d’enfer. Denise assise derrière, jette un oeil inquiet sur les
vélos et les sacoches qui se font brasser dans la boite arrière. Notre homme prend plaisir à nous donner plein de détails sur la région, tout ça en faisant de grands gestes et en regardant partout, sauf la route en avant! En à peine 15 minutes, nous voilà rendus 22 km plus loin, où l’asphalte réapparait. Ouf! Ça nous aurait pris au moins 3 heures sinon plus pour franchir cette zone…Nous pédalons quelques kilomètres de plus sur le bitume avant d’apercevoir un lac magnifique, la Laguna Nueva,  avec vue saisissante sur un volcan, le Payun. Pour couronner le tout, nous trouvons un endroit parfait pour bivouaquer. Certaines journées difficiles se terminent plutôt bien.

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Nous roulons ensuite deux autres jours, sous une chaleur intense, toujours dans des paysages volcaniques à couper le souffle, avant de rejoindre Chos Malal où nous décidons de prendre un jour de repos. Les jambes ont été mises à rude épreuve encore une fois, car les pentes étaient nombreuses et longues! De notre séjour à Chos Malal, nous retenons surtout la difficulté à trouver des restaurants ouverts! Nous sommes là un dimanche et on dirait que toute vie s’est arrêtée et que tout le monde a pris congé. Le seul endroit où trouver de la bouffe préparée est une station service. On est loin de la gastronomie, mais il faut bien manger. Cette adaptation aux us et coutumes des Argentins n’est pas complètement faite, avouons-le. Un estomac de cycliste, ça aime avoir accès à la nourriture en tout temps et faire des provisions n’est pas facile avec les heures d’ouverture aléatoires des commerces.  

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Nous reprenons la route 40 sous un soleil radieux, la jambe bien reposée, pour une autre journée parfaite, du moins jusqu'à ce que le vent se mette à souffler d’aplomb fin d’après-midi. Tant pis, nous nous arrêtons et pensons bivouaquer près d’un rio asséché sous de gros arbres, mais le vent s’amplifie et impossible de planter la tente  à cet endroit sans risquer d’être emportés! Pas très loin, il y a des maisons en ruines où nous nous mettons à l’abri pour cuisiner notre souper. Juste à côté, nous voyons des bâtiments ressemblant à une école, mais tout est clôturé et cadenassé. Nous y voyons une possibilité de campement à l’abri du vent mais nous hésitons à franchir la clôture, jusqu’à ce qu’une auto s’arrête et le gars qui en descend nous salue. Et hasard des hasards, il travaille pour cette école d’horticulture (eh! oui! c’était bien une école!). Il nous dit qu’il n’y a pas de problème à ce que nous campions sur le terrain derrière les bâtiments, bien à l’abri du vent. Et voilà! C’est réglé! Nous passerons une excellente nuit au calme, et à 6 heures, nous retournons préparer le déjeuner dans notre vieille maison abandonnée avant de repartir tout contents.

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Le plaisir va devenir peu à peu souffrance à mesure qu’Éole se déchaine. En effet, nous venons d’entrer en Patagonie. Cette région mythique est célèbre pour la force de ses vents. Ce sera notre baptême aujourd’hui! Nous nous relayons tant bien que mal pour avancer, comme des tortues, grugeant les kilomètres peu à peu. Le vent nous pousse de côté, brutalement, en rafales imprévisibles, nous jetant parfois carrément sur la route. Heureusement qu’il n’y a pas trop de circulation car c’est dangereux. Nous parvenons de peine et de misère à Las Lajas où nous trouvons un camping agréable, en espérant que le vent se calme. Nous y sommes seuls, car la saison commence à peine. Quand Denise a finalement réussi à préparer son omelette, assaisonnée d’un peu de poussière, la jeune fille du camping vient nous offrir de nous mettre à l’abri dans le bâtiment à l’entrée. Il aurait fallu nous le dire avant! Mais l’omelette était délicieuse, dit Charles. (crounche! crounche!) 


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Nous aurons finalement eu un peu de répit pendant la nuit, si bien que nous repartons en forme pour affronter les montées qui nous attendent. Nous avons décidé de laisser un temps la Ruta 40 pour nous rapprocher des montagnes à l’ouest en direction du Chili avant de redescendre au sud vers la région des lacs. Les premiers 50 kilomètres montent lentement mais sûrement, avec parfois des gradients à 7 ou 8 %, tout ça avec un vent de face certes un peu moins fort que la veille, mais tout de même, ça vient vous chercher l’énergie c’est pas long! Si bien qu’après 47 km, quand nous apercevons un endroit parfait pour un bivouac en bordure d’une forêt d’araucarias, c’est vite décidé, c’est là que nous passerons la nuit. Le paysage a changé de façon spectaculaire à mesure que nous sommes montés. De grands conifères (les araucarias) aux allures d’arbres préhistoriques se dressent sur des falaises vertigineuses et les sommets enneigés nous entourent. Le vert est devenu la couleur dominante et des rivières cascadantes coulent au fond des vallées. Nous sommes ravis du changement de décor!

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Le lendemain, toutefois, un autre changement drastique beaucoup moins agréable nous surprend: la température a chuté à 3 degrés. Denise la frileuse du couple, grelotte en prenant son café. La vie sur la route a ses hauts et ses bas, c’est le cas de le dire! Changement de vêtements donc: on ressort les pantalons et les blousons pour affronter le petit vent andin glacial qui va nous souffler au visage toute la journée. Pour ajouter au niveau de difficulté, nous empruntons maintenant une route de montagne en gravier, parfois sablonneuse, souvent bosselée de cailloux, mais point positif au moins, ça descend plus que ça monte! La beauté du paysage nous récompense toutefois de l’effort fourni, encore une fois.

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En fin de journée, nous arrivons à l’intersection de la route vers Villa Pehuania. Nous décidons de nous y rendre, même si cela représente un petit détour de 22 km aller-retour, car des nuages menaçants se sont amoncelés dans le ciel et nous espérons louer une petite « cabana » pour la journée de congé prévue.  Excellente décision, car le village est absolument superbe, lové au bord du lac Alumine, et le lendemain, c’est le bruit de la pluie tambourinant sur le toit qui nous réveille.


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Quand nous repartons de Villa Pehuania, le beau temps est revenu mais pas la chaleur. La route non asphaltée nous met à l’épreuve encore une fois, sur une vingtaine de kilomètres, caillouteuse, planche-à-laver, sablonneuse, la totale quoi! Nous retrouvons le bitume quelques kilomètres avant Alumine où nous stoppons pour un petit remontant (lire café et pâtisserie). En entrant dans le village, Denise fait une chute spectaculaire avec son vélo, en montant une petite pente raide en gravier. Charles dit l’avoir vu partir comme au ralenti, les 4 fers en l’air! Denise se relève, un peu secouée mais sans blessure apparente, seulement quelques bleus de plus et une petite blessure à l’orgueil, peut-être…


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Notre collation hautement calorique sera vite dépensée car la route redevient piste caillouteuse et poussiéreuse par bouts, alternant avec un peu d’asphalte, avec montées et descentes, tout ça à travers des paysages encore une fois superbes, heureusement. Ce soir, c’est au bord de la route près d’une rivière bordée de gros massifs de lupins que nous dressons la tente. Cette nuit-là, les quelques conducteurs qui sont passé ont sûrement entendu des ronflements bizarres venant de notre bivouac!

Le lendemain, c’est 73 kilomètres de route de montagne en gravier qui nous attend. En effet, nous grimpons en longs lacets, vent dans le dos, puis vent de face, pendant ce qui nous parait une éternité. Évidemment, le vent s’amplifie à mesure que la journée avance (n’oubliez pas, nous sommes maintenant en Patagonie!) Tout à coup, sans crier gare, le ciel se met à nous cracher au visage une petite pluie froide et cinglante, nous laissant à peine le temps de revêtir nos impers. Comme si ce n’était pas assez difficile comme ça! Haut les coeurs, il faut aller puiser bien loin pour trouver l’énergie de continuer malgré les éléments déchainés!


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Finalement, les nuages s’estompent en fin de journée mais pas le vent. Denise grelotte et commence à rêver à un bon petit coin douillet où pouvoir dormir au chaud, mais nous sommes au milieu de nulle part. Nous continuons à descendre jusqu’à une rivière car il nous faut de l’eau pour le bivouac. Tout à coup, petit miracle pour cyclistes fatigués, nous apercevons des gens sous des arbres près de l’eau, qui nous font signe. C’est une famille de pêcheurs qui s’apprêtent à quitter les lieux et ils nous invitent à nous réchauffer auprès du feu de camp qu’ils ont allumé! Pas besoin de vous dire qu’on a dit oui! Avant de partir, le chef de famille brise plusieurs branches et nous approvisionne généreusement en bois pour la soirée. Le bonheur!

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Nous avons pédalé une autre journée ardue, face au vent patagonien, avant d’arriver ici à San Martin de los Andes où nous prenons des vacances du vélo pour quelques jours, dans une confortable petite « cabana ». Au menu: les tâches habituelles, un peu de tourisme car le village est charmant, et surtout, du repos! 

La suite promet encore de belles aventures dans des décors qu’on dit « de carte postale », car nous roulerons sur la Ruta de Siete Lagos (la route des Sept Lacs). À venir: camping, route de gravier (eh! oui! encore!) alternant avec le bitume, lacs et montagnes, sur une centaine de kilomètres!

À suivre…

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11 novembre 2014

Newsletter no. 13 - Mendoza à Malargüe

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Mendoza nous a plu. Après toute cette chaleur et ces espaces désertiques, se retrouver sous un dense couvert d’arbres dans une ville, ça a du charme. En effet, à Mendoza, toutes les rues ou presque sont bordées par de grands arbres et de nombreuses fontaines rafraichissent les beaux parcs. Il fait bon prendre le temps sur les terrasses des nombreux cafés et restaurants, flâner sur la rue piétonnière Sarmiento, faire du lèche-vitrine sur Las Heras. Ambiance détendue, gens sympathiques, Mendoza n’est pas facile à quitter après 3 jours, mais la route du sud nous appelle! 

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Cependant, une ville reste une ville et y entrer ou en sortir à vélo comporte son lot de difficulté. C’est ainsi que nous nous retrouvons d’abord sur une voie rapide où nous frôlons la mort à quelques reprises (bon! j’exagère peut-être un peu mais c’est drôlement stressant. Finalement, Charles trouve une alternative grâce au GPS, par la vieille route 40, toute calme, ombragée, à travers d’immenses vignobles, bordée à l’ouest par la «precordillera» des Andes avec des sommets enneigés. Nous roulons beaucoup plus détendus jusqu’au retour sur l’autoroute, mais cette fois, un immense accotement asphalté nous rassure et on file plein sud. Fin d’après-midi, nous trouvons un camping à demi ouvert un peu après Tunuyan et pour la première fois, nous payons pour camper mais il y a douche chaude et toilettes qui fonctionnent! Un concert de grenouilles dans le petit lac à côté nous bercera toute la nuit…


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Nous décidons ensuite de faire un détour par San Rafael, parce qu’on nous dit que le tronçon de la Ruta 40 entre Paretidas et El Sosneado est en gravier et en très mauvais état. Mais, surtout, il nous faut prévoir une étape avec accès à internet pour régler certains problèmes de matériel que nous devons commander. Alors, nous nous retrouvons sur la route 143, en direction de San Rafael, un peu plus à l’est, pour une centaine de kilomètres à travers une zone désertique. Ça grimpe progressivement une bonne partie de la journée et le soleil brille de tous ses feux ce qui fait aussi monter la température!  Le paysage devient peu à peu monotone…
Fin d’après-midi, au moment de trouver un espace pour camper, nous voilà confrontés aux fameuses clôtures argentines. En effet, de chaque côté de la route, à environ 30 ou 40 mètres du bord, d’interminables clôtures se dressent, seulement interrompues ça et là par des barrières cadenassées à double tour avec affiche « Propriedad privada »!  Quand nous apercevons finalement une maison pas très loin de la route, nous décidons de demander la permission de camper quelque part. De la barrière, Charles fait signe à un homme dans la cour, mais celui-ci hésite, puis nous ignore complètement! Décontenancés, nous allons de l’autre côté du chemin, à l’écurie, où un jeune homme timide nous dit que nous pouvons camper au bord de la rivière près du pont que nous venons de franchir. Mais vérification faite, il n’y a que de grands espaces en sable, et aucune ombre. De plus, nous remarquons que même dans le lit de la rivière asséchée, des clôtures nous empêchent d’accéder aux terrains où quelques buissons nous permettraient au moins de nous abriter un peu du soleil qui tape fort. Finalement, nous poursuivons la route, dans l’espoir de dénicher un site ombragé quelque part. 


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Heureusement pour nous, le vent est favorable et la route descend légèrement, ça file donc sans problème, si bien que ne trouvant aucun endroit accessible, nous décidons de nous rendre à San Rafael, ce qui mettra 157 km au compteur pour la journée! Un record pour nous! Nous arrivons en ville vers 20 heures, par une piste cyclable de 12 km. Comme nous stoppons pour consulter le guide afin de trouver un hôtel, une dame nous aborde et nous propose la location d’une « cabana », c’est-à-dire, chambre, salon, salle de bain,cuisine équipée, patio privé, et tout ça pour le prix d’une chambre d’hôtel moyenne. Très sympathique, Alicia nous installe en moins de deux dans un mini chez nous! Nous sommes ravis de pouvoir nous reposer ici une journée complète, car, oui, nous méritons une petite pause après cette distance record. 

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Journée de congé pour nous, rime avec corvées plutôt terre-à-terre, comme faire un peu de lavage, faire le marché, entretenir les vélos et le matériel. Il faut aussi trier les photos, répondre aux courriels, planifier l’itinéraire, donc ça passe vite! Nous repartons par la route 144, direction sud-ouest pour rejoindre de nouveau la fameuse Ruta 40. Il faut d’abord franchir la Cuesta de Los Terneros, où la route déroule ses lacets entre des falaises colorées. Au sommet, la vue sur San Rafael au loin se noie dans une brume de chaleur. Par la suite, c’est la descente vers la pampa, longue plaine aux allures de désert. De nouveau, nous roulons dans un espèce de corridor clôturé. Nous remarquons bien quelques habitations ici et là, dans un bouquet d’arbres, mais elles sont toujours très éloignées de la route. 

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Milieu d’après-midi, nous voyons droit devant nous de gros nuages menaçants…et des éclairs zèbrent le ciel. Échapperons-nous à l’orage? Rien que l’immensité autour de nous! Juste au moment où les gouttes de pluie se font de plus en plus insistantes, nous apercevons un petit abri de ciment avec un grand graffiti disant « Ven Jesus te ama » (Viens, Jésus t’aime)! Nan! rien de surnaturel, juste un de ces hasards extraordinaires, un petit abri-bus à l’intersection de la Ruta 40 et le la route 144, qui nous sauve de justesse d’une méchante averse. Ça tombe dru pendant presqu’une heure et le tonnerre résonne à faire trembler notre abri, mais nous restons au sec, dieu merci! Le soleil revient presqu’aussitôt après l’orage et hop! on reprend la route.
Vers la fin de la journée, encore une fois, c’est la quête pour un espace où piquer la tente, autant que possible à l’abri du vent qui souffle de plus en plus fort, et avec un peu d’ombre pour nous empêcher de cuire au soleil. Nous tentons de nouveau le coup à une barrière où pour une fois, la maison n’est pas très loin. L’homme à qui Charles s’adresse semble bel et bien nous voir, mais il continue à vaquer à ses occupations et malgré nos signes répétés, rien à faire, il ne daigne même pas nous saluer! Dépités, nous continuons encore un bout avant de nous résoudre à dresser le camp près de la clôture, dans un petit fossé nous cachant tant bien que mal à la vue des automobilistes. Nous arrimons solidement la tente avec de grosses roches et…le vent tombe complètement! Bon! au moins quelque chose de positif…En fait, nous passerons finalement une nuit très calme car la circulation sur cette route désertique est plutôt rare la nuit.


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Levés au petit matin, au sortir de la tente, nous apercevons un «gaucho» à cheval qui longe la clôture de l’extérieur, dans notre direction. Denise sort son plus beau sourire et dans son meilleur espagnol, elle salue le bonhomme, qui reste de marbre, marmonne bien un « Hòla! » mais sans plus, avec une mine du genre, « Vous avez affaire à décoller d’ici »! Nous prenons quand même le temps de préparer le petit déjeuner et nous partons tranquillement en direction de Malargüe, notre objectif de la journée. 

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Nous voyons les montagnes se rapprocher progressivement à mesure que la route monte en direction sud-ouest. Arrivés à Sosneado, où la Ruta 40 bifurque plein sud, nous stoppons à un « Minimercado » où de délicieuses « empanadas » nous attendent. Pendant que nous pique-niquons, un groupe de touristes argentins débarqués de leur bus s’approchent de nous. Certains se prennent en photo à tour de rôle avec les vélos! D’autres nous font la
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conversation, nous questionnant sur nos impressions de l’Argentine. Quand nous avouons être plutôt déconcertés par l’accueil froid des gens de la pampa, ces citadins venant de Rosario, nous expliquent que la situation économique catastrophique de leur pays a accru la criminalité et les gens des campagnes ont tout simplement peur! Eh! bien! Ce n’est pas la première fois qu’on nous prévient contre d’éventuels dangers. Quand nous sommes arrivés à Mendoza, deux femmes nous ont convaincu de changer d’itinéraire car selon elle, nous « allions entrer dans un quartier dangereux où on volait les étrangers »! Et en plein coeur de Mendoza, alors que je photographie la cathédrale, une femme, toute alarmée, me dit de « cacher ma caméra car je peux me faire voler »! Paranoïa quand tu nous tiens…Pourtant, jamais nous ne nous sommes sentis en danger nulle part depuis que nous sommes en Argentine. Mythe ou réalité, nous restons prudents évidemment. 
Après cette agréable pause, il faut reprendre la route et cette-fois, le vent joue avec nos nerfs le reste de la journée. D’abord favorable, il souffle ensuite de côté, de plus en plus fort. Puis enfin, on le sent qui nous pousse dans le dos pendant un bon moment, avant qu’il ne décide de carrément nous freiner, avec de sérieuses rafales de face, au moment où nous approchons de Malargüe. De quoi rendre tout cyclo-voyageur fou! 
Ou du moins, nous faire sentir que les jambes ont encore besoin d’une petite pause…Nous resterons donc à Malargüe 2 nuits car la prochaine étape s’annonce difficile: chemin de gravier, villages très éparpillés, approvisionnement rare…Encore de beaux défis devant nous quoi!

À suivre…